lundi 10 octobre 2016

Le verre saphir vert des Rolex Milgauss

Alors que la première Rolex Milgauss date de 1954 et que le premier verre saphir Rolex est installé en 1970 sur une OysterQuartz (puis en 1981 sur la Submariner), ce n'est qu'en 2007 que l'on note l'apparition de la glace verte (GV) de la Milgauss, aujourd'hui véritable marque de reconnaissance de la Milgauss (bien qu'elles n'en soient pas toutes équipées) avec sa fameuse trotteuse orange. Rolex présente alors ce verre comme une véritable inovation. Nous allons ici parler plus en détails de ce verre si particulier, couleur Rolex !

Le saphir vert de la Rolex Milgauss Z-blue

Un verre saphir

La "glace verte" des Rolex Milgauss est avant tout un verre saphir fabriqué artificiellement par l'homme. Une carotte de monocristallin d'alumine anhydre est formée à partir de la fonte d'une poudre d'alumine (ou oxyde d'aluminium de formule Al2O3) à l'aide d'un chalumeau oxhydrique pouvant atteindre 2700°C.

Fours Verneuil
En passant sur la flamme, la poudre fond en tombant goutte à goutte sur un germe donnant en 6 à 12 heures un cristal transparent en forme de petite bouteille pleine, appelée boule, de 10 à 20 cm de hauteur. Le procédé a été inventé par le chimiste français Auguste Verneuil en 1903 (date de publication de l'invention) et est également utilisé en horlogerie pour la fabrication des rubis offrant un très faible coefficient de frottement avec le métal, pièces utilisées comme paliers des axes des roues en rotation. La bouteille est ensuite sectionnée en deux dans le sens de la hauteur pour supprimer les contraintes internes résiduelles qui s'y exercent.

Clivage d'une boule (Crédit Djeva)

La méthode ayant l'inconvénient de laisser des traces visibles parfois même à l'oeil nu, les cristaux peuvent être re-chauffés afin de faire disparaitre ces traces. Depuis, d'autres méthodes de synthèse ont été développées en plus du Procédé Verneuil de fusion dans la flamme :
  • le Procédé Czochralski : la méthode par tirage à partir d'un germe de cristal naturel et d'un liquide dans un creuset,
  • le Procédé Brigmann-Stockbarger : la méthode par fusion simple dans un creuset,
  • le Procédé Seïkosha : la méthode de fusion sèche par fonte zonale, aujourd'hui abandonnée,
  • le Procédé par dissolution anhydre,
  • le Procédé Gilson "Know How",
  • le Procédé par dissolution hydrothermale (en autoclave),
  • le Procédé de synthèse en phase gazeuse (méthode en développement),
  • le Procédé HPHT (haute pression haute température),
  • la technique du dépôt chimique en phase vapeur : CVD (Chemical Vapor Deposition).

L'intérêt du verre saphir dans l'horlogerie est sa bonne résistance aux chocs (toutefois moins bonnes qu'un verre plexiglas) conjuguée à sa grande dureté (grande résistance aux rayures). Il offre également un coefficient de dilatation quasi nul assurant ainsi une grande stabilité et longétivité.

Le principal inconvénient d'un verre saphir est qu'il se casse s'il subit un coup violent, les éclats de verre alors produits pouvant endommager le cadran ou le mouvement. C'est aussi la raison pour laquelle un changement de verre saphir par Rolex s'accompagnera systématiquement d'une révision complète, un minuscule éclat de verre pouvant se loger dans le mouvement lors du retrait du verre. Ce défaut fut déterminant pour la NASA qui écarte l'usage de montres équipées d'un tel verre dans l'espace au profit du plexiglas. Cela n'a pas empêché Rolex de faire le choix du tout saphir, plus aucune Rolex ne présentant un verre acrylique depuis 1989.

Le saphir vert de la Rolex Milgauss

La formule chimique du saphir vert de la Milgauss est Co3+ - Al2O3, indiquant l'ajout de cobalt à l'alumine lors de la synthèse du cristal.

Credit Onkel

La méthode de cristallation utilisée pour Rolex n'est pas connue, mais la rumeur indique que la méthode par dissolution hydrothermale est employée pour la production de ses saphirs verts. Dans une autoclave remplie d'une solution aqueuse alcaline chaude (de l'ordre 600°C) et sous haute pression (environ 55 bar), dans laquelle la température varie de bas en haut, un cristal va pousser sur la base d'un germe cristallin naturel ou synthétique. La croissance du cristal va se faire depuis la région la plus chaude jusqu'à la plus froide. La couleur verte vient de l'ajout de cobalt dans la solution. D'après certains forums horlogers, la production de ce cristal prendrait quatre semaines.

Un verre difficile à mettre en oeuvre

Il a été dit que Rolex avait rencontré des problèmes de production des ses verres saphirs verts. La production des Milgauss GV a été arrêtée puis a repris à un rythme lent, générant de longues listes d'attente auprès des distributeurs Rolex et des prix très élevés sur le marché gris.

Extrait d'un document Rolex quant à la gravure de la couronne Rolex sur les verres des Milgauss

Un détail à noter est l'absence de la gravure de la couronne, symbole de Rolex, à 6 h sur le verre saphir, a contrario de toutes les montres Rolex à saphir transparent. La gravure de la couronne aurait été trop visible sur ce verre coloré. Cela dit, nous ne disposons d'aucune explication officielle de la marque, celle-ci étant toujours très discrète sur ce genre de détails techniques.

Enfin, il faut préciser que Rolex ne produit pas ses propres verres saphirs mais que l'entreprise fait appel à de la sous-traitance : Le Rubis RSA, PME de Jarie aux mains du groupe Dalloz, installée dans la banlieue sud de Grenoble, fournit les corindons à la base des verres saphirs de Rolex. Une autre société du groupe Dalloz les taille et fournit les verres à Rolex.

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