Panorama de l'horlogerie en France

Depuis quelques années, un vent de renouveau souffle sur l'horlogerie française. Il y a tous les mois des raisons pour lesquelles se réjouir :

• la reprise de Pequignet par ses employés pour poursuivre l'excellence horlogère français que représente le Calibre Royal
• Lip et Yema puisent dans leurs glorieux passés horlogers pour redonner vie à leurs icones (Sous-Marinier, Nautic-Ski, Himalaya, Superman, Rallygraf, Yachtingraf et Flygraf)
• Akrone s'installe dans le paysage horloger avec la prochaine sortie de sa K-05
• Novoparts et SMB travaillent sur la renaissance du calibre français R23
• une ribambelle de français se lancent dans la création d'une marque

Ces nouveaux entrepreneurs, comme Florian Chosson avec sa marque Routine, dévoilent également une certaine synergie de l'horlogerie française renaissante. D'où mon envie pour cet article de regarder plus en détail le paysage horloger français.

Florian Chosson lance sa marque horlogère Routine, made in France

Revue de ma Sartory Billard SB02

Le 20 juillet 2017, la très jeune marque horlogère Sartory Billard présentait sa nouvelle création, la SB02. Il s'agit de leur deuxième montre, la permière étant la très spectaculaire RPM01 qui plantait le décor avec un design assumé et innovant, faisant la part belle aux courbes, et une fiche technique sans concession avec du made in France à hauteur de 76%. Avec la SB02, la marque remet les pieds sur terre tout en préservant ce qui avait plu dans sa RPM01, pour rendre leur création accessible au plus grand nombre. Des concessions ont donc été faites pour améliorer la portabilité de la montre pour un plus large public et passer d'un tarif de 2900 à 650 € : la taille du boitier est mieux proportionné pour tous les poignets, le calibre n'est plus suisse mais japonais, et la fabrication française est mise en retrait. Pour autant, la SB02 apporte davantage dans le domaine de la personnalisation, provoquant chez moi un véritable coup de coeur puis l'achat de la montre. Je vous explique tout ça dans la revue de ma Sartory Billard SB02.

La Sartory Billard SB02, cadran argenté, lunette bleue Côte d'Azur

Sélection de montres pour un prix inférieur à 100 euros (édition 2018)

Seiko 5 - Des montres automatiques de premier prix de qualité

La marque japonaise Seiko fait référence dans le marché des montres automatiques premier prix. Il est possible d'acquérir une Seiko automatique pour mois de 100 euros et ainsi se faire plaisir avec une montre de manufacture. La gamme premier prix de la marque est " Seiko 5 ", disponible essentiellement sur le marché asiatique. Il est toutefois possible d'en trouver aisément sur le marché français grâce à internet.

Un parfait exemple de belle petite Seiko 5 est la SNXS79K, disponible à 88 € sur Amazon à l'heure où j'écris ces lignes. Il s'agit d'une montre mixte, d'un diamètre de 37 mm, convenant aussi bien aux femmes qu'aux hommes. Elle est équipée du mouvement 7S26 (sans stop-seconde ni remontage manuel, automatique uniquement) que le fond transparent de la montre vous permettra d'admirer. Comme toutes les Seiko 5, son verre est en hardlex (mieux que les verres minéraux mais moins bien qu'un saphir). Un bracelet en acier inoxydable pour un tel prix est un joli atout.

Seiko SNXS79K, cadran noir

La résistance aux rayures de nos montres

Boitiers, couronnes, lunettes, verres, boucles, bracelets, ..., les composants de nos montres portent souvent le témoignage du temps passé à notre poignet. Rayures, pocs et scratchs sont inévitables même si les marques horlogères s'emploient souvent à proposer des matériaux plus résistants (verres saphirs, revêtements Dia-Shield chez Seiko, Duratect chez Citizen, Tegiment chez Sinn, etc.).

Je me suis amusé à recueillir sur internet et à présenter dans ce post les différentes duretés Vickers (HV) des matériaux constituant nos montres ainsi que celles des traitements et revêtements que les marques proposent. La dûreté Vickers d'un matériau définit la résistance qu'oppose une surface plane à la pénétration d'un poinçon en diamant de forme pyramidale. Les tests de dureté sont normalisés et permettent de comparer la résistance des différents matériaux aux rayures.

Aie, du 904L qui a vécu (credit forum-mdp.com)

Le revêtement anti-reflet Super Clear de Seiko

L'une des choses les plus marquantes lorsque l'on a sous la main une Seiko Astron est l'impression d'absence de verre devant le cadran et les aiguilles. Cet effet troublant et fascinant vient du traitement particulier que Seiko applique sur les verres saphir de ses Astron. Ce revêtement a été breveté et commercialisé par Seiko sous le nom de "Super-Clear".

L'illustration suivante présente suscintement le principe de ce traitement ainsi que les performances en comparaison avec un verre saphir non traité.

L'illustration commerciale de Seiko pour son revêtement Super Clear

Découverte de l'Ultramarine Morse UTC

Lionel Bruneau, alias Leopal sur le forum horloger FàM, est un passionné d'horlogerie orléanais qui se lance dans le projet un peu fou de fabriquer ses propres montres. Vous me direz que cela est à la mode, que l'on en trouve une pelletée de qualité plus ou moins bonne sur Kickstarter et autres rampes de lancement de jeunes marques. Mais Lionel Bruneau se différencie des autres en bien des points :

• son souci d'offrir un produit techniquement de très bon niveau (je reviendrais sur le pourquoi plus loin dans l'article),
• l'honneteté, la transparence et le franc-parler dont il témoigne sur FàM où l'on peut suivre très régulièrement ses avancées,
• sa persévérance comme en témoigne sa campagne actuelle de souscription après un kickstarter râté ou les choix qu'il impose malgré les retours parfois négatifs (comme le mouvement Eterna)
• son sérieux de part ses choix rigoureux et qualitatifs, que certains pourraient d'ailleurs voir comme austères (le même type d'austérité que peut proposer par exemple Grand Seiko : "Des montres pour ceux qui savent")

Venons-en à sa proposition, à savoir l'Ultramarine Morse UTC.

L'Ultramarine Morse UTC, finition boitier polie

Les modules Dubois Dépraz

Dans la course à la conception des premiers chronographes avec d'un côté Zénith/Movado et de l'autre Seiko, quatre manufactures se réunirent dans les années 60 pour élaborer leur propre chronographe. Heuer, Dubois Dépraz, Breitling et Hamilton-Büren formèrent un consortium dans lequel Hamilton-Büren fournissait le mouvement de base et Gérald Dubois un module de chronographe. Le projet secret portait le nom de "Projet 99".

1969, Gérald Dubois distribue sur le marché le premier chronographe pouvant être monté sur un mouvement automatique, le Chronomatic Calibre 11-12. Ce faisant, la conception modulaire est inventée permettant de transformer un mouvement "simple" en mouvement à complications. Heuer l'a d'abord vendu sous le nom d'Autavia, qu'il rebaptise ensuite Calibre 11 pour le placer dans sa Monaco, Breitling en fait son calibre Chronomat et Hamilton le commercialise sous l'appelation Chrono-matic. 350 000 Chronomatic ont ainsi été fabriqués. 

Le Chronomatic Calibre 11-12 avec son mouvement de base à micro-rotor et le module chronographe